Le début d'une aventure [LIBRE]

Dans ma mémoire, c’est encore frais. Comme si c’était hier, je la vois danser devant cette immense ouverture donnant sur son œuvre extraordinaire. Cette femme sublime peint le monde et le remplie de toutes les couleurs dont il a besoin. La danse de la création. Un mouvement brute, elle forme le relief, elle frappe la roche, la terre et le sable, notre morceau de vie commence à voir le jour.

Merveilleuse, elle tisse de ses doigts les fondamentaux de ce monde, y inscrivant ces racines, arbres et fougères naquirent alors du sol. Une véritable artiste qui saisit sa palette de ses doigts immaculés d’un blanc plus pure que la neige se propageant du souffle froid sortant de ses lèvres.

Cette danse continue, illuminant ce nouveau-né qui vient de voir son premier rayon de soleil. La lumière bénit les terres, elle les rend fertile. Mère nature continue son travail, dans sa danse extraordinaire qui créait les besoins de la vie. Dans une cadence accéléré, je me souviens de ses premières pleures, ces hurlements venus des tréfonds du continent. Son œuvre continue de vivre, elle se transforme, elle change au grès de ses envies.

Au revoir petit élan de calme, la musique reprend dans sa beauté enchanteresse, les montagnes voient leur pique recevoir la bonté du ciel, la lumière et les neiges qui viennent peindre leurs sommets d’un doux baiser. Cette danse magnifique continue alors. Je me souviens la voir relâcher quelques larmes en voyant la beauté de cet enfant qu’elle met au monde. Ces larmes vinrent se mélanger à sa palette pour créer les océans.

Il ne manquait presque rien, et mes souvenirs me jouent peut être des tours, mais je me souviens de la suite. Elle s’effondra au sol, à genoux devant son œuvre inachevée. Je vins la rejoindre, prenant délicatement ces mains incroyables qui venaient de réaliser une telle merveille dans les miennes, tâché de mon passé et de mes erreurs. J’avais peur, j’avais peur qu’un jour mes fautes ne ressurgissent pour me hanter et la harceler elle qui n’y était pour rien.

« M’accordez-vous cette danse ? »

Je me souviens l’aider à se relever et la rejoindre pour le bouquet final. Telle des feux d’artifices, nos âmes explosèrent pour ne faire plus qu’un pendant un instant. Nos corps, une fois rejoint ne tremblait plus. La peur avait laissé place à l’amour alors que la danse de la création continuait sans jamais ralentir.

Depuis ce jour, mes regrets commençaient à disparaître, les erreurs de mon passé, il était impossible de les effacer, alors j’ai décidé de repeindre par-dessus. De montrer que je pouvais changer. Et ce fut le cas. Le plus grand des aventuriers, la terrible faucheuse, cette vie que je menais avant de te connaître. Ton existence à changer ma vie et je t’en remercie. Pas que la mienne, tu as changé la vie de milliards de personne.

Tu es celle qui m’a choisie pour vivre à tes côtés, et jamais je ne pourrais suffisamment te remercie pour tout cela. Alors, laisse-moi à nouveau, raconter ton histoire. Laisse-moi à nouveau, parcourir le monde que tu as construit en t’inspirant de mes paroles fabuleuses. Tu m’as fais confiance depuis tant d’années, alors il est temps pour moi de te faire confiance comme tu l’as fais. Ce monde que tu as créé, je ne le laisserais pas disparaître. Je vais de ce pas, inscrire ma marque sur ce monde comme j’aurais dû le faire par le passé.

« Un nouveau monde s’offre à nous, pourquoi ne pas y participer ? Quoi ? Vous pensez que je suis trop vieux pour ça ? Trop fragile des derniers événements ? Allez-vous faire voir, le vieux à encore du fil à retordre et je vais vous le prouver de ce pas alors que les premiers aventuriers vont fouler ces terres ! Je vais les accueillir, comme je l’ai déjà fais des milliers de fois avant que vous ne veniez au monde. Et cette fois-ci, je vais découvrir ce nouveau monde qui s’étend devant mes yeux. »

Je pousse alors la porte de cette tour immense qui fut pendant longtemps ma demeure. J’ouvre la porte de cristal au monde extraordinaire qui se tient devant nous. La lumière du soleil illumine ces terres absolument merveilleuses. Je m’échappe alors, je fonce, me jette et roule dans l’herbe de ces prairies légèrement humide. Je ris, cette sensation, elle m’avait manqué. Partir à l’aventure comme ça, c’est merveilleux, c’est sublime, il n’y a rien de tel. Au revoir moi du passé, bonjour au moi du présent !

« Et qu’est-ce que c’est que ces merdes ? »

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Voilà qu’ils arrivent déjà en nombre. Comment vais-je faire ? Impossible de reculer maintenant. Je n’ai pas le choix, je dois faire comme si tout était normal et continuer mes dialogues, inventer sur le tas et faire croire que je sais tout sur tout comme je l’ai toujours fais. Je m’étais promis de ne plus le faire mais bon, je n’ai pas le choix cette fois. Me pardonnerez-vous ce petit écart sur ma promesse ?

Plusieurs personnages venaient déjà de se présenter au pied de la tour de cristal, bâtisse gigantesque qui s’étend si haut dans le ciel, que vous vous en faîtes un torticolis juste en essayant de regarder son sommet. Faisons rapidement le tour voulez-vous ? Tout d’abord nous avons un jeune aventurier qui semble avoir oublié de prendre son café ce matin, complètement à côté de la plaque il ne se souvient plus où il se trouve –un peu comme vous tous mais passons– ni où il s’est réveillé, de quoi en perdre la tête. Rapidement, je me tourne vers cette jeune aventurière qui s’approche depuis la forêt, elle ne sent guère la rose, je dirais plus le fumier des bêtes, l’humidité et la boue, je crois que je vais éviter de la toucher.

La seconde aventurière quant à elle semblait expérimentée dans le métier qu’est l’exploration à en juger par son attirail… Non je rigole, elle doit être du genre à être resté emprisonner par des chaînes toute sa vie si j’en crois l’odeur de renfermé et de minerai si particulier des esclaves souterrains. Peu de temps après, j’entendais déjà les grognements de la bête libéré un peu plus tôt, comment dire qu’il ne me terrorisait guère plus qu’un petit agneau tout mignon tellement son cœur est chaud et doux comme la laine de ces mignonnes petites créatures, je serais un loup j’adorerais croquer dedans je vous assure. Et finalement, une troisième aventurière, elle volait dans le ciel telle un ange, mais l’odeur du sang nauséabond pouvait faire comprendre plus d’une chose, m’enfin les valkyries reste mon genre. Beaucoup de femme, je suis gâté dis donc, elles sont toutes entrain de se diriger vers ma personne extraordinaire, je suis flatté.

Bon, mon petit gars, ils sont tous entrain de te regarder avec des yeux grand ouvert comme si tu étais le dindon de la farce, alors tu prends une bonne respiration comme tu n’en as pas prise depuis bien longtemps et tu te lances. Tu peux le faire, je crois en toi, tu peux le faire. Vas-y !

« Bonjour vous tous ! Vous êtes venu voir mon énorme tour ? »

Des baffes, tu mérites des baffes putain. T’as tenu quoi ? Dix secondes avant de refaire ce genre de blague périmé ? Bon allez, respire, mets toi une bonne droite dans la gueule… Aïe, voilà c’est fait et maintenant tu expires et tu reprends la vraie conversation.



« Bienvenue en l’Onirique, un nouveau monde où l’aventure vous attends peu importe la direction que vous prendriez. Que vous vous dirigez vers les forêts, vers les monts enneigés, vers le ciel, l’océan ou encore sous la terre, vous dénicherez un bon nombre de secrets incroyables et extraordinaires qui ne demande qu’à être découvert. »

Le squelette que vous aviez en face de vous se transforma alors, faisant apparaître la magnifique personne que je suis. De long cheveux poivre et sel tenue par un petit ruban rouge tombe le long de mon torse musculeux –ou pas, de toute façon vous ne pouvez pas voir vu que je porte des vêtements bande de petits voyeurs– couvert d’un long manteau noir particulièrement beau et neuf, cela faisait longtemps que je n’avais rien mit de nouveau. Sous ce manteau, un veston tout aussi noir, refermé par des boutons d’argent brillant de milles éclats. Et sous ce veston, un haut blanc contrastant énormément avec tout ce noir que je porte. Pour mon bas, un pantalon simple et résistant fabriqué dans une matière qui n’est pas difficile à porter, faîtes pour les longues marches des vrais aventuriers. Mes chaussures vont de paire avec le pantalon que je porte, tout aussi résistante si ce n’est plus encore, elles sont assez lourdes et les semelles ne feront pas de pitié aux visages de mes adversaires, ça je peux vous l’assurer.

Ce qui reste le plus impressionnant pour vous, reste mon regard que je libérais d’un mouvement léger de ma main droite. Mes cheveux vous gâchez cette merveilleuse vue. Un œil rouge et brillant comme le sang alors que l’autre, vous ne pourriez même pas le décrire. Une couleur qui vous parez impossible, une couleur qui n’existe pas, quelque chose que des enfants peuvent comprendre mais que votre esprit d’adulte ne pourrait jamais atteindre. Cette couleur, vous pourriez plonger à l’intérieur et vous y noyer, mais nous allons éviter cela. D’un même geste léger, je laissai de nouveau pendre cette frange afin qu’elle coupe mon œil si mystérieux de vos regards ébahit.

« Laissez-moi me présenter. Je suis Dead, le plus grand aventurier n’ayant jamais existé, j’ai vu tant de choses qu’une bibliothèque entière ne serait pas suffisante pour y recueillir tout mon savoir… Enfin, cela dépend de la taille de votre bibliothèque bien sûr, mais le sujet n’est pas là. Vous êtes perdu n’est-ce pas ? Vous ne savez pas quoi faire ni ce que vous faîtes ici ? Et bien laissez-moi vous dire une chose jeunes aventuriers. Oubliez le passé, concentrez-vous sur l’avenir. Vous faîtes partis des rares élus à qui l’on a donné une seconde chance, une chance de pouvoir changer son destin et son histoire, alors saisissez-la de vos mains ! Empoignez votre destin et décider de votre propre futur. »

Toutes ces paroles sont vraies, vous pourriez ne pas me croire après avoir expliqué que je comptais mentir plus tôt, mais il faut savoir dénicher le vrai du faux mes chers amis où vous n’irez jamais loin ici. D’un doigt levé et d’une position ferme, j’indiquai l’horizon, on pouvait observer une créature gigantesque s’élever depuis les forêts luxuriantes du royaume vert. Un visage formé de terre, de racines, de buissons, d’arbres et de feuilles, quelque chose d’extraordinaire si vous voulez mon avis. Mais sa taille titanesque, de quoi vous laissez complètement sans voix et effrayé d’une telle puissance de la nature. Ce visage n’avait rien d’humain, pourtant je pouvais discerner clairement ces formes, je pouvais comprendre ce qu’il était. Il paraissait vivant, bougeant son regard, se tournant et observant ce monde qui l’entoure comme un nouveau-né observerait sa mère pour la première fois.

« Vous voyez cette chose gigantesque ? Il s’agit d’un Titan, il en existe plusieurs parmi le monde. Ils sont puissants et terriblement dangereux, je vous déconseille de faire les malins en leur présence. »

Cette phrase n’était pas forcément destinée à mon auditoire, peut être que je visais quelqu’un d’autre sans le savoir ? Mon subconscient est quelque chose de bien étrange si je peux me permettre. Enfin, je continuais de décrire la bête alors que celle-ci s’effondra dans la forêt et disparut comme si elle n’avait jamais existé. C’est extraordinaire, qu’une créature aussi gigantesque puisse devenir invisible pour nos yeux l’instant d’après. Pourtant, je peux encore entendre son cri au fond de mon esprit.

Je continuais alors d’expliquer ce qu’était les Titans, ces créatures gigantesques que l’on trouve à plusieurs endroits du continent et peut être du monde entier, qui suis-je pour prétendre tout savoir ? Des explications bien longues, leur décrivant les royaumes de l’Onirique. Verde, Blu, Giallo, Malva, Arancioni, Bianchi, Rosso, Rosa et Indaco. Chacun de ces royaumes possède son propre titan, je l’ai entendu.

« Bon, avez-vous des questions chers aventuriers ? Dépêchez-vous, c’est que l’heure tourne vous savez ? »

Empoigner son destin? Une seconde chance?

On est vraiment... libres? C'est officiel, lu approuvé signé?
Contiens-toi Danny! Garde ta réserve.
Je me retiens de rire de joie à entendre tout ça, mais toute cette histoire est un grand pâté rempli de couilles, je dois rester méfiante et éviter de trop en montrer sur moi, tant que je n'en aurais pas plus appris. C'est comme ça qu'on fait toujours, en apprendre sur le gonze en face de soi tout en l'empêchant d'en apprendre sur soi.
Bon pas que ça fasse grande différence dans ma situation là maintenant, mais en territoire inconnu autant suivre quelques coutumes pour pas complètement perdre les pédales. Et du peu que je sais ce Dead peut tout aussi bien être un dieu ou un démon, il se donne l'air d'un simple débile désœuvré avec beaucoup trop de temps et de pouvoirs sur les mains mais je percerai son masque à jour.

Deux autres invités s'étaient mis à poser des questions, certaines très pertinentes. Bien, bienbienbienbienbien... Laissons-les parler et écoutons les réponses, ne nous faisons pas trop remarquer. Pour le moment en tout cas.